1.présentation
Introduction
Beaucoup de renseignements figurant ci-après ont été puisés dans l'ouvrage de Marguerite et Roger Isnard "per Carriera" ( dictionnaire historique et anecdotique des rues de Nice ) édité chez Serre à Nice ( 3ème édition de 2003 ) et toujours disponible dans les librairies niçoises.
Ces renseignements ont été complétés par des informations prises dans la remarquable étude de Véronique Thuin-Chaudron " le mont Boron, l'urbanisation d'une colline niçoise parue dans la revue Nice Historique de l'Acadèmia Nissarda (N° 1 ; janvier/Mars 2011) disponible en Bibliothèque.
Il a également été puisé dans le livre "le port de Nice des origines à nos jours", ouvrage collectif reprenant des articles parus dans la revue Nice Historique de l'Acadèmia Nissarda, édité par la Chambre de Commerce et d'Industrie de Nice , sans doute disponible en librairie spécialisée.
Une bonne partie des illustrations proviennent de ces ouvrages.
LE PARC LOUISA
Le nom de ce parc situé à l'est de Nice au bas du Mont Boron et près de la mer dans le quartier autrefois dénommé "Le Lazaret" vient de la propriété "villa Louisa" qui appartenait à la marquise de La Grange, née Louise, Marie, Caroline Le Roux, décédée le 10 mars 1910, fille de Paul, Augustin, Alfred Le Roux, décédé en 1880. Le nom de cette propriété, à l'origine "villa Leroux" vient sans doute du prénom de la fille du propriétaire.
Au décès de la marquise de la Grange, ses 2 filles hériteront de la "villa Louisa" et décideront de la lotir en 1924.
Ce domaine, d'une superficie de 25 512 m2 sans compter la chapelle (qui fut détachée du lotissement au moment de sa création le 12 février 1924), donnait sur le Boulevard Carnot (route impériale n° 7) à la hauteur du numéro 68. Il était desservi par le tramway qui, en direction de Villefranche, passait devant.
Après Hippolyte Cougnet, secrétaire du Ministre des Travaux publics du royaume d'Italie qui était de Turin, et qui, à sa mort, avait laissé à son épouse Emma les 30 000 m2 qu'il avait hérités de son père François Cougnet dans le quartier du Lazaret ses précédents propriétaires en avaient été Jean Bermondi, et Thérèse Bouvrins, épouse d'Antoine Ferraro (certaines sources écrivent Ferrara) qui en a vendu une grande partie à Alfred Leroux. Ce dernier y a fait construire par un architecte local Gratien Cirlot une "villa avec un portique à colonnes ménageant un espace intermédiaire entre l'intérieur et l'extérieur".
Cinq avenues permettent d'y circuler :
Avenue Alfred Leroux
Alfred Leroux (Le Roux si l'on en croit le nom de la fille du propriétaire cité ci-dessous et en souvenir de celui-ci) : Cette voie va du 68 Boulevard Carnot au Boulevard Winston Churchill qui la sépare du parc Vigier et de l'accès à la mer par le Boulevard Franck Pilatte. Artère principale du Parc, elle commémore son ancien propriétaire, une notabilité du Second Empire très connu à Nice où il séjournait régulièrement.
Sous le Second Empire et au début de la III République, il fut un homme politique et un financier important. Il fut député de la Vendée, Vice-Président du Corps Législatif. Il était aussi Président de la Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest. Issu d'une famille de négociants de Rouen, Il possédait une banque à Paris mais il n'était pas seulement homme d'affaires ; il était aussi poète ( l'Herbier paru en 1842).
Avenue de la Mer
Cette voie va du pied de l'Avenue de la Roseraie ( avec laquelle elle communique par un escalier à double volée ) au Boulevard Winston Churchill. Elle est ainsi nommée à cause de sa proximité avec la mer sur laquelle elle avait vue avant les constructions du Parc Vigier.
Avenue de la Roseraie
Cette voie relie l'Avenue Alfred Leroux à l'avenue de la Mer. Son nom rappelle la roseraie du Domaine Louisa qu'elle devait permettre d'atteindre avant le lotissement de la propriété. Au numéro 6 de cette avenue, la villa "la Roseraie" est le seul immeuble érigé avant le lotissement de la propriété qui a perduré. C'est la bâtisse la plus ancienne du Parc.
Avenue Fleurie
Cette voie relie l'Avenue Alfred Leroux à l'avenue de la Mer. Sa proximité d'avec l'avenue de la roseraie doit expliquer son nom et rappeler qu'avant le lotissement, le Domaine Louisa devait être abondamment fleuri.
Avenue du Maréchal Ney
Cette voie relie l'Avenue Alfred Leroux à l'avenue de la Mer. Sa dénomination évoque sans doute les convictions bonapartistes de l'ancien propriétaire du domaine ( Alfred Le Roux ) qui fit sa fortune sous Napoléon III). En effet, Michel Ney, Maréchal d'Empire, duc d'Elchingen, prince de la Moskova, était une des personnalités les plus brillantes du Premier Empire. Sa bravoure légendaire lui avait valu le surnom de "Brave des braves". Né à Sarrelouis en 1769, il s'engagea en 1788 et participa à toutes les campagnes de la Révolution et de l'Empire. A la Restauration, il se mit au service de Louis XVIII qui le nomma pair de France. Pendant les Cent Jours, il se rallia à Napoléon alors qu'il avait la mission de l'arrêter et, après Waterloo, il fut jugé, condamné à mort et fusillé à Paris en 1815.
LES PARCS ALENTOUR
Parc Vigier
Ce parc, d'une superficie d'un hectare, est complanté de palmiers (phoenix canariensis) que le vicomte Vigier avait fait importer des Canaries pour agrémenter le parc de sa villa. Ce sont les premiers palmiers introduits sur le territoire niçois devenu français après 1870. Ce ne sont pas les seuls végétaux remarquables. Il y en a bien d'autres, notamment un exemplaire de l'arbre marquant le passage des conifères aux feuillus.
Le vicomte Vigier (1820-1883) marié à une célèbre cantatrice, "la Cruvelli" a été un membre influent du Comité des Fêtes de la ville de Nice qu'il a présidé de 1878 à 1881. Il est réputé avoir créé les "veglione" bals masqués à déguisements libres animant les hivers de la haute société cosmopolite niçoise.
Sa villa, à l'abandon, a été détruite en 1967. Sur l'emplacement de sa propriété ont été édifiés des immeubles le long du Boulevard Franck Pilatte, faisant autrefois partie du Boulevard de l'Impératrice de Russie. Seule une partie du parc originel subsiste. C'est actuellement un jardin municipal
Les bâtiments édifiés ont été clôturés et portent le nom de Parc Vigier. Ils sont desservis par une avenue circulaire (l'avenue du Parc Vigier) qui en fait le tour et va du Boulevard Franck Pilatte au bas de l'avenue d'Alicante.
Parc Gustavin
Ce parc ne comportant qu'une avenue du même nom avec de petites traverses perpendiculaires relie le Boulevard Winston Churchill au Boulevard Carnot, à la hauteur du n° 48. Il porte le nom d'une famille de riches propriétaires niçois apparentés à Joseph Garibaldi ( les 3 frères Gustavin, Dominique , Michel et Ange étaient cousins germains du Général ).
Entre autres propriétés, la maison natale de ce dernier ( né en 1807 ), située au nord du Quai Papacino et détruite vers 1877 pour agrandir le port, leur appartenait.
Parc Saint Aignan
Ce parc tire son nom de l'ancien domaine de la marquise de Saint Aignan qui fut loti vers 1930. Sur le territoire de ce parc subsiste encore une villa Saint Aignan. Elle conserve toujours sa couleur rouge originelle. Deux routes donnent accès aux immeubles : l'avenue Saint Aignan qui débouche sur le Boulevard Carnot à la hauteur du n° 88 et l'avenue de la Réserve qui relie la partie basse de l'avenue Saint Aignan au Boulevard Winston Churchill.
LES RUES ALENTOUR
Au sud du Parc :
Avenue Winston Churchill
Allant de la Montée Saint Aignan à la rue d'Alicante, elle porte le nom de l'homme politique et écrivain anglais ( prix Nobel de littérature 1953 ) Sir Winston Leonard Spencer Churchill ( 1874-1965 ) dont l'importance pour la lutte des alliés contre l'Allemagne nazie durant la seconde guerre mondiale n'est plus à démontrer. Aimant la Côte d'Azur, il résida souvent chez des amis à Monaco, Cap d'Ail ou Roquebrune-Cap Martin.
Montée du Commandant Octobon
Sur une ancienne partie du chemin tordu du Mont Boron, elle relie l'avenue Winston Churchill au boulevard Stalingrad qu'elle rejoint par un escalier. Elle porte le nom du commandant François Octobon qui, passionné de préhistoire, effectua des fouilles dans la grotte du Lazaret permettant d'établir une présence humaine à Nice vieille de 150 00 ans. Il fut Président de la Société des fouilles des Alpes Maritimes ( actuellement Institut de Préhistoire et d'Archéologie des Alpes Maritimes ).
Montée Saint Aignan
Elle relie le Boulevard Franck Pilatte en front de mer au Boulevard Winston Churchill en face de l'entrée sud du parc Saint Aignan. A l'entrée de ce parc débouche le chemin tordu du Mont Boron qui donne accès à la route de Nice à Ville franche à la hauteur du n° 120 du Boulevard Carnot
Rue et square d'Alicante
Ils relient le boulevard Franck Pilatte à l'avenue Winston Churchill. A l'occasion du jumelage de la ville de Nice avec celle d'Alicante ( cité d'Espagne de 280 000 habitants ) le nom de cette ville leur fut donné. Jouxtant le port, ils symbolisent ainsi le lien entre deux villes portuaires de même importance situées toutes deux sur la mer Méditerranée.
Boulevard Franck Pilatte
Allant du boulevard Stalingrad à l'avenue Jean Lorrain, il porte le nom d'un avocat niçois célèbre ( 1855-1917 ) qui fut bâtonnier de l'Ordre et fondateur du club Nautique dont il fut le premier Président. Sur ce boulevard longeant une partie des quais du port se trouvent le Club Nautique de Nice, la plage militaire, les rochers de la "Réserve" (plage et restaurant dont le plongeoir était autrefois décoré d'un élégant voilier ) et les bâtiments de l'ancien Séminaire construit de 1838 à 1843 et actuellement convertis en hôtel-restaurant pour leur partie gauche, la chapelle et le bâtiment situé à droite servant encore aux services diocésains.
Au nord du Parc :
Boulevard Carnot
Ancienne Corniche inférieure ou Corniche de la Mer, il marque le début de la Basse Corniche actuelle allant vers l'Italie. Il joint la place Ile de Beauté à l'avenue Jean Lorrain ( au niveau du "Château de l'Anglais" ) et continue vers Villefranche.
Son nom commémore la visite officielle du Président de la République Sadi Carnot ( 1837-1894 ) à la ville de Nice en 1889. Depuis la visite de Napoléon III sous le Second Empire après le plébiscite de 1860, rattachant le Comté de Nice à la France, c'était le premier hommage de la République à ses nouveaux enfants. Cette visite revêtit alors un faste tout particulier.
Arrivé depuis Villefranche où l'avait déposé le cuirassé "Le Formidable", il bénéficia, tout au long de son trajet vers Nice, d'un grand concours de population enthousiaste. Sadi Carnot ( assassiné à Lyon par l'anarchiste Casério en 1894 ) était le petit fils de Lazare Carnot ( 1753-1823 ), "l'organisateur de la victoire" des guerres révolutionnaires.